(...)
La situation était ridicule. Le commissaire savait qu'il n'y avait pas dix chances sur cent que sa faction servît à quelque chose.
Et pourtant il tint bon, à cause d'une impression vague, qu'il n'eût même pas pu appeler un pressentiment.
C'était plutôt une théorie à lui, qu'il n'avait d'ailleurs jamais développée et qui restait imprécise dans son esprit, ce qu'il nommait à part lui la théorie de la fissure.
Dans tout malfaiteur, dans tout bandit, il y a un homme. Mais il y a aussi et surtout un joueur, un adversaire, et c'est lui que la police est tentée de voir, c'est à lui, généralement, qu'elle s'attaque.
Un crime est-il commis, ou un délit quelconque? La lutte s'engage sur des données plus ou moins objectives. Problème à une ou à plusieurs inconnues, que la raison essaie de résoudre.
Maigret agissait comme les autres. Comme les autres aussi il usait des outils extraordinaires que les Bertillon, les Reiss, les Locard ont mis entre les mains de la police et qui constituent une véritable science.
Mais il cherchait, attendait, guettait surtout la fissure. Le moment, autrement dit, où, derrière le joueur, apparaît l'homme.
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Pietr Le Letton
George Simenon
Fayard 1931
Tout Simenon (Volume 16) - 2003
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