dissabte, de juliol 30, 2011

La nuit d'avril 1915

Le ciel est étoilé par les obus de Boches
La forêt merveilleuse où je vis donne un bal
La mitrailleuse joue un air à triples-croches
Mais avez-vous le mot
                                       Eh! oui le mot fatal
Aux créneaux Auz créneaux Laissez là les pioches

Comme un astre éperdu qui cherche ses saisons
Coeur obus éclaté su sifflais ta romance
Et tes mille soleils ont vidé les caissons
Que les dieux de mes yeux remplissent en silence

Nous vous aimons ô vie et nous vous agaçons

Les obus miaulaient un amour à mourir
Un amour qui se meurt est plus doux que les autres
Ton souffle nage au fleuve où le sang va tarir
Les obus miaulaient
                                  Entends chanter les nôtres
Pourpre amour salué par ceux qui vont périr

Le printemps tout mouillé la veilleuse l'attaque
Il pleut mon âme il pleut mais il pleut des yeux morts

Ulysse que de jours pour rentrer dans Ithaque
Couche-toi sur la paille et songe un beau remords
Qui pur effet de l'art soit aphrodisiaque

Mais
           orgues
                        aux fétus de la paille où tu dors
L'hymne de l'avenir est paradisiaque

La nuit d'avril 1915 - Calligrammes
Guillaume Apollinaire - Gallimard

Cap comentari:

Publica un comentari a l'entrada